La Chine déploie le tout premier réseau 10G au monde… dans une ville quasi déserte : ce que cela signifie vraiment

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Tandis qu’Haïti peine encore à généraliser l’accès à une connexion stable en 3G ou en 4G, la Chine vient de franchir un cap technologique spectaculaire : le lancement du premier réseau 10G au monde. Oui, vous avez bien lu — pas 5G, mais 10G. Une prouesse réalisée à Xiong’an, une ville nouvellement construite à une centaine de kilomètres de Pékin, grâce à un partenariat entre le géant des télécoms Huawei et l’opérateur China Unicom. Derrière cette innovation, une technologie de pointe : la 50G-PON (Passive Optical Network), capable de délivrer jusqu’à 10 gigabits par seconde. Pour mettre cela en perspective : il est possible, avec cette vitesse, de télécharger un film en qualité 8K en moins de dix secondes. À titre de comparaison, une connexion 4G moyenne en Haïti tourne autour de 20 à 40 Mbps, soit près de 250 fois moins rapide.

Mais à quoi sert une telle vitesse ? Le 10G ouvre la voie à un monde où tout est connecté, fluide et en temps réel : jeux vidéo en streaming sans aucune latence, réalité virtuelle ou augmentée immersive, maisons intelligentes, voitures autonomes, téléchirurgie, intelligence artificielle ultra rapide, villes entièrement gérées par des algorithmes, etc. En clair, c’est l’épine dorsale d’un futur que nous n’avons pas encore commencé à vivre. C’est ce que la Chine veut expérimenter grandeur nature à Xiong’an.

Pourtant, ce rêve de ville futuriste fait face à une ironie frappante : Xiong’an est presque vide. Malgré plus de 100 milliards de dollars d’investissements, elle peine à attirer habitants et entreprises. Ses rues sont désertes, ses tours flambant neuves sont sans occupants, et son économie reste théorique. Certains médias la qualifient déjà de « ville fantôme ». Cela soulève une question fondamentale : un réseau peut-il faire une ville ? Ou mieux encore : une technologie peut-elle créer la vie humaine qu’elle est censée servir ?

La Chine, en déployant le 10G dans une ville vide, envoie malgré tout un message fort au monde : elle veut prendre de l’avance, pas seulement dans les discours, mais dans les infrastructures elles-mêmes. Xiong’an n’est pas un échec, affirment les autorités, mais un laboratoire à ciel ouvert. Une ville-test où les limites de l’innovation peuvent être explorées sans contraintes sociales immédiates. Un pari audacieux sur l’avenir, quitte à ce qu’il soit, pour l’instant, solitaire.

Alors que faire de cette information en Haïti ? Il ne s’agit pas de rêver de 10G demain matin dans nos villes, mais de comprendre à quel point le monde évolue vite. Très vite. Et que si nous ne préparons pas nos jeunes, nos institutions et notre écosystème numérique à ces bouleversements technologiques, nous resterons des spectateurs d’une révolution qui se passe ailleurs. La Chine bâtit des autoroutes numériques pendant que nous circulons encore sur des sentiers numériques étroits et mal entretenus.

C’est le moment ou jamais de repenser notre rapport à la connectivité, à l’éducation technologique, à l’innovation locale. Car le 10G, au fond, ce n’est pas juste une vitesse. C’est une vision.

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