ÉDITORIAL – 7 AVRIL : Toussaint Louverture est mort. Et avec lui, notre honneur.

Le 7 avril 1803, dans l’obscurité glaciale du fort de Joux, s’éteignait l’un des plus grands hommes de l’histoire humaine : François-Dominique Toussaint Louverture. Esclave affranchi devenu général, stratège, homme d’État et prophète de la liberté noire, il a ouvert la voie à ce que le monde n’avait jamais connu auparavant : une nation d’anciens esclaves, libre, souveraine et maîtresse de son destin.
Ce n’est pas la République que Toussaint Louverture avait rêvée. Ce n’est pas cette Haïti défigurée, agonisante, humiliée, qu’il avait pressentie en déposant les fondations de notre indépendance. Il fut trahi par la France. Nous l’avons trahi par l’oubli. Il fut emmené enchaîné. Nous avons brisé ses chaînes pour mieux nous y replonger.
Aujourd’hui, le pays est en ruines. Chaque mètre carré de notre territoire respire la douleur. Chaque cri de notre jeunesse est une supplique sans réponse. Chaque mère haïtienne serre les dents dans une lutte permanente pour la survie. Haïti est devenue un champ de bataille sans guerre, un abattoir sans rébellion, un territoire sans boussole. Et pendant ce temps, nous invoquons Toussaint Louverture comme une relique, alors qu’il aurait dû demeurer notre étendard.
Il ne nous a pas donné l’indépendance comme un legs figé, mais comme une œuvre inachevée. Et nous l’avons souillée. Nous avons échangé la fierté contre l’assistanat, la souveraineté contre la résignation, l’éducation contre la vacuité. Nous ne sommes plus les enfants de Toussaint Louverture. Nous sommes devenus les orphelins d’un rêve sacrifié.
En ce 7 avril, l’heure n’est pas au recueillement sentimental. L’heure est à la honte. L’heure est au sursaut. Car tant que nous vivrons dans l’indifférence et l’ignorance, nous continuerons à profaner sa mémoire.
Alors que faire ?
Réapprendre. Rééduquer. Réconstruire.
Car c’est par l’éducation que nous retrouverons nos repères. C’est par la connaissance de notre propre histoire que nous relèverons la tête. C’est en enseignant à nos enfants qui était vraiment Toussaint Louverture, non pas comme une statue, mais comme un phare, que nous retrouverons peut-être le chemin de la dignité.
Le 7 avril ne doit plus être une date parmi d’autres. Il doit devenir un serment. Un acte de foi en notre propre capacité à redevenir une nation.
Suivez TekTek pour ne jamais oublier d’où nous venons, et pour reconstruire ensemble l’avenir que nous méritons.
Twitter/X : @iam_tektek
Threads : @iam_tektek
Chaîne WhatsApp : TekTek sou WhatsApp