La population haïtienne prise en otage : Quand un conflit prive le peuple de son droit à la communication

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Port-au-Prince, 16 septembre 2024 – Depuis plusieurs jours, une grande partie de la population haïtienne subit les conséquences d’un différend entre l’opérateur de télécommunications Digicel et le Paret Hospitality Group S.A., propriétaire de l’Hôtel Kaliko Beach Club. Ce conflit, qui a abouti à une coupure du câble sous-marin essentiel à la fourniture de services de télécommunication, met à rude épreuve la vie quotidienne des citoyens, déjà confrontés à de nombreuses difficultés dans un pays où l’accès à la communication est vital.

Une coupure qui pénalise toute la population

Depuis la matinée du samedi 14 septembre, la panne du câble sous-marin international traversant l’Hôtel Kaliko Beach Club perturbe sérieusement les services de télécommunications. Ce câble, utilisé non seulement par Digicel mais aussi par d’autres opérateurs, est très important pour assurer la connectivité dans tout le pays. Cependant, l’accès aux installations a été refusé aux techniciens de Digicel par Paret Hospitality Group, sous prétexte d’une dette supposée que l’opérateur aurait envers eux.

Le refus d’accès, qui bloque les réparations nécessaires au rétablissement du service, affecte directement la population haïtienne, pour qui les télécommunications ne sont pas seulement un service, mais un droit fondamental dans un pays en proie à des problèmes d’insécurité et à une crise économique. L’accès à l’information, à la santé, à l’éducation en ligne, et même aux transferts d’argent dépend en grande partie de la connectivité. Or, cette panne place la population dans une situation encore plus précaire.

Quand des intérêts privés priment sur le bien public

Le conflit qui oppose Digicel et Paret Hospitality Group, un opérateur hôtelier, met en lumière une triste réalité : dans ce jeu de pouvoir entre grandes entreprises, ce sont toujours les citoyens ordinaires qui payent le prix fort. Alors que les deux parties s’accusent mutuellement, il est indispensable de rappeler que ce sont des millions de personnes qui dépendent de ces services pour travailler, rester en contact avec leurs proches, accéder à des services vitaux, ou simplement participer à la vie sociale et économique.

La question qui se pose est simple : est-il acceptable qu’un différend commercial prive ainsi toute une nation de ses droits à la communication ? Le droit à l’information, à la connectivité, fait partie intégrante des droits fondamentaux dans un monde de plus en plus numérisé. En priver la population, surtout dans un contexte de crise comme celui d’Haïti, revient à la marginaliser encore davantage.

L’État doit jouer son rôle de protecteur

Face à cette situation, la responsabilité de l’État haïtien est mise en cause. Il incombe aux autorités de garantir le bon fonctionnement des infrastructures critiques, dont les télécommunications font partie. Or, il est inadmissible qu’une entreprise privée puisse, par ses actions, bloquer l’accès à une infrastructure aussi essentielle que le câble sous-marin international.

Les autorités doivent intervenir rapidement pour garantir que de telles situations ne se reproduisent plus. Il est urgent de mettre en place un cadre légal qui protège la population des effets dévastateurs de conflits commerciaux sur les services publics essentiels. De plus, une action judiciaire ne devrait pas servir de prétexte pour priver le peuple haïtien de ses droits.

La solidarité avant tout

Le conflit actuel entre Digicel et Paret Hospitality Group révèle aussi un manque de solidarité envers la population. En refusant aux techniciens l’accès nécessaire pour les réparations, l’hôtel place ses intérêts privés au-dessus du bien commun. Il est temps de remettre les citoyens au centre des priorités, car ce sont eux qui souffrent le plus des conséquences de cette crise.

Monsieur Fritz Emmanuel Paret, qui s’adressait dans sa lettre ouverte à ses concitoyens, devrait, comme il le revendique, faire preuve de solidarité envers eux. Car, dans ce contexte d’instabilité, les Haïtiens ont besoin d’accès ininterrompu à la communication pour leur sécurité et leur survie.

La population mérite des réponses

Les Haïtiens, déjà victimes d’un contexte économique et sécuritaire difficile, ne peuvent être les otages de conflits d’intérêts entre les grandes entreprises. Ils méritent de rester connectés, de pouvoir travailler, s’informer, et accéder à des services vitaux sans interruption. Il est donc essentiel que les autorités, ainsi que les entreprises concernées, mettent de côté leurs intérêts financiers pour se concentrer sur la garantie d’un service ininterrompu aux citoyens.

En fin de compte, c’est la population qui doit rester au cœur des préoccupations, car le droit à la communication est aussi le droit à une vie digne. Il est temps que les grandes entreprises, les opérateurs économiques et l’État fassent passer les intérêts du peuple avant toute autre considération.

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