Samsung déjoue les prévisions et tire profit des tensions commerciales américano-chinoises

À contre-courant des anticipations les plus pessimistes, Samsung Electronics a annoncé une performance opérationnelle nettement supérieure aux estimations pour le premier trimestre 2025. Le géant sud-coréen a révélé un bénéfice d’exploitation estimé à 6,6 trillions de wons (environ 4,49 milliards de dollars), surpassant largement le consensus des analystes, qui s’attendaient à un chiffre avoisinant les 5,1 trillions. Ce léger recul de 0,2 % par rapport à l’année précédente est d’autant plus remarquable qu’il intervient dans un contexte d’incertitude économique mondiale et de tensions tarifaires croissantes.

La solidité de ces résultats s’explique en grande partie par une hausse inattendue des ventes de puces mémoire – classiques et destinées à l’intelligence artificielle – ainsi que par une demande soutenue en smartphones. De nombreux clients, notamment nord-américains, ont en effet anticipé l’instauration imminente de nouveaux droits de douane américains, provoquant une ruée vers les semi-conducteurs et les appareils Samsung, perçus comme stratégiques. Cette dynamique haussière a permis à l’entreprise de compenser la baisse générale des prix des mémoires et les faiblesses structurelles observées dans son activité de fonderie.

Autre facteur clé : le succès commercial des Galaxy S25, dopés par des fonctionnalités IA renforcées. Présentés en janvier, ces modèles ont trouvé un écho favorable auprès des consommateurs et des distributeurs, notamment sur le marché nord-américain, encore une fois sous l’effet de la peur des barrières douanières imminentes.

Néanmoins, cette embellie pourrait être de courte durée. Les analystes prévoient un second trimestre plus atone, marqué par un ralentissement des livraisons et des difficultés persistantes à sécuriser de nouveaux clients pour les puces mémoire à haute bande passante (HBM). L’activité de fonderie, elle, continue de pâtir d’une concurrence féroce et de restrictions américaines à l’exportation vers la Chine.

Samsung, qui a récemment été secouée par la disparition soudaine de son co-PDG Han Jong-Hee, traverse une période de réorganisation interne, tout en poursuivant sa stratégie de reconquête dans le domaine des semi-conducteurs IA. L’entreprise mise notamment sur le HBM3E 12-high, une nouvelle puce ultra-performante censée séduire Nvidia à compter de la mi-année.

Les marchés ont salué ces annonces par une hausse de 2,6 % de l’action Samsung, éclipsant la progression de 1,6 % de l’indice KOSPI. Reste à savoir si cette embellie ponctuelle, nourrie par des tensions géopolitiques, se transformera en rebond structurel ou s’évaporera dans les incertitudes du second semestre.

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