Un séisme judiciaire pour Google : la justice américaine reconnaît un monopole illégal dans la publicité numérique

Dans une décision retentissante rendue le jeudi 17 avril 2025, la juge fédérale Leonie Brinkema, siégeant à Alexandria, Virginie, a tranché : Google détient illégalement des positions dominantes sur deux marchés clés de la publicité en ligne. Cette décision marque un tournant décisif dans la lutte antitrust menée par les autorités américaines contre les géants du numérique.
Au terme d’un procès complexe et très suivi, le tribunal a jugé que Google, filiale du groupe Alphabet, a volontairement acquis et conservé une position monopolistique sur les marchés des serveurs publicitaires pour éditeurs et des places d’échange publicitaires, deux rouages essentiels à la monétisation des contenus numériques.
Selon la magistrate, l’entreprise a imposé aux éditeurs de contenus l’usage couplé de ses outils technologiques, en verrouillant leur accès au marché par des pratiques discriminatoires et déloyales. Ce comportement, selon elle, a non seulement étouffé la concurrence, mais également nui aux éditeurs, aux annonceurs et, ultimement, aux internautes eux-mêmes.
L’administration américaine voit dans ce jugement un précédent historique. La procureure générale Pamela Bondi n’a pas mâché ses mots : « Cette décision est une victoire emblématique pour la protection des libertés numériques et de l’économie de marché. » La juge a en revanche rejeté l’accusation selon laquelle Google détiendrait un monopole sur les réseaux publicitaires côté annonceurs.
Le ministère de la Justice pourra désormais exiger, lors d’un procès ultérieur, la cession forcée d’actifs – notamment le puissant Google Ad Manager – afin de rétablir une dynamique concurrentielle sur le marché. Il s’agirait de la deuxième injonction judiciaire à l’encontre de Google dans un dossier de monopole, après celui relatif à la recherche en ligne.
Alors que les actions de Google chutaient de 1,4 % à Wall Street, la firme a annoncé son intention de faire appel. Sa vice-présidente aux affaires réglementaires, Lee-Anne Mulholland, a défendu l’intégrité de ses outils : « Les éditeurs nous choisissent pour la simplicité et l’efficacité de nos solutions. »
Mais pour les observateurs du secteur, l’onde de choc pourrait aller bien au-delà de Google. Selon Michael Ashley Schulman, analyste financier chez Running Point Capital, cette décision pourrait faire grimper le « risque réglementaire » pour d’autres géants technologiques opérant des écosystèmes intégrés similaires, tels que Meta, Amazon, ou encore Apple, tous actuellement visés par des procédures antitrust distinctes.
Le message est clair : la justice américaine est désormais disposée à envisager des remèdes structurels profonds, y compris des démantèlements partiels, face aux abus de position dominante dans le numérique. Ce virage juridique, poursuivi sous des administrations tant républicaines que démocrates, consacre l’antitrust comme l’un des rares terrains d’entente bipartisan aux États-Unis.
Google, de son côté, fait face à un avenir incertain. En plus de cette décision, une autre procédure pourrait conduire à la vente forcée de son navigateur Chrome. L’ère de l’impunité semble révolue pour les mastodontes du web. Le débat est désormais relancé : jusqu’où l’État peut-il — ou doit-il — intervenir pour briser les empires numériques ?
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