Vers Mars en 45 jours ? La Nasa mise sur la propulsion nucléaire

Alors que la course à la conquête spatiale entre dans une nouvelle phase, marquée par des ambitions lunaires et martiennes renouvelées, un virage technologique pourrait bouleverser l’approche traditionnelle du voyage interplanétaire : la propulsion nucléaire. C’est du moins ce que laisse entrevoir Jared Isaacman, pressenti pour prendre les rênes de la Nasa, lors de son audition au Sénat américain le 9 avril 2025.
S’il a naturellement évoqué les priorités classiques — retour sur la Lune, missions martiennes, prolongement de la Station spatiale internationale jusqu’en 2030 — le milliardaire a surtout braqué les projecteurs sur un sujet longtemps cantonné aux laboratoires : l’usage du nucléaire comme moteur spatial.
Cette technologie, bien que développée depuis des décennies à travers des programmes comme NERVA, Rover ou encore Prometheus, n’a encore jamais été exploitée pour une mission opérationnelle. Isaacman entend changer la donne : « Nous concentrerons nos efforts de développement technologique sur l’application pratique de la propulsion nucléaire », a-t-il affirmé devant les sénateurs, esquissant ainsi une ambition claire pour accélérer l’exploration du système solaire.
L’un des principaux avantages de la propulsion nucléaire réside dans sa capacité à réduire considérablement les durées de voyage. Là où une propulsion chimique classique mettrait entre cinq et huit mois pour atteindre Mars, un moteur nucléaire pourrait abaisser ce délai à trois mois, voire à quarante-cinq jours dans certaines configurations avancées.
Cette accélération ne serait pas anodine. Moins de temps passé dans l’espace signifie moins d’exposition aux radiations cosmiques et un stress psychologique réduit pour les astronautes. Deux enjeux critiques dans la perspective de vols habités vers des destinations lointaines.
Il existe deux principales approches de la propulsion nucléaire : la propulsion nucléaire pulsée — basée sur des explosions atomiques contrôlées — et la propulsion nucléaire thermique, qui repose sur un réacteur chauffant un fluide propulsif à des températures extrêmes. La Nasa semble privilégier cette dernière option, jugée plus réaliste et maîtrisable à l’échelle actuelle de l’ingénierie.
Un prototype de fusée, baptisé DRACO (Demonstration Rocket for Agile Cislunar Operations), est actuellement en cours de développement et pourrait voir le jour dès 2027. S’il s’avère concluant, il marquera une avancée décisive dans la manière dont l’humanité envisage ses déplacements hors de la Terre.
L’introduction du nucléaire dans le domaine spatial soulève évidemment des enjeux majeurs : sécurité, gestion des matériaux radioactifs, acceptabilité politique et écologique. Mais les gains potentiels sont tels que le pari semble inévitable si l’on veut sérieusement parler d’installer des humains sur Mars ou au-delà.
Avec Isaacman à sa tête, la Nasa pourrait bien franchir un seuil historique : celui d’une propulsion spatiale pensée non plus comme une extension du XXe siècle, mais comme une rupture technologique fondatrice du XXIe.
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